Les was more !
Les Paul, de son vrai nom William Lester Polfuss, émérite guitariste et inventeur, compagnon de longue route de la firme Gibson, vient de s’éteindre à l’âge de 94 ans.
Si on lui doit le modèle de guitare produit par Gibson, devenue à elle seule ex-aequo avec la toute aussi mythique Fender Stratocaster la plus fameuses des guitares électriques “solid body” (corps plein), Les Paul était également un fin connaisseurs d’effets électroniques, qu’il utilisait à satiété (le Pulverizer, une sorte de générateur de boucles échantillonnées, préfigurait le Jam Man commercialisé par Boss vers 1995). On lui doit aussi une participation remarquable au développement des techniques d’enregistrement multipiste (pour mémoire, chez Motown, les prise étaient enregistrées sur deux pistes, tout l’orchestre compris – c’est dire les limites drastiques en termes de mixage !!).
Au sujet de la Les Paul originale, il s’agissait en fait d’une guitare électrique (i.e. à micros électromagnétiques) qui n’a pas du tout plu à Les Paul et que la firme Gibson décida de commercialiser avec son nom sans avoir consulté le guitariste. Les Paul aurait détesté la forme cornue de la SG, des allégations l’ont porté à la considérer comme “piece of crap” (il a demandé à Gibson de procéder à l’effacement de son nom sur toutes ces guitares, finalement rebaptisées “SG”, pour “Solid body Guitar”). Le destin de la SG fut pourtant presque aussi glorieux.
La guitare qui allait devenir l’emblème même du rock n’ roll et du heavy rock, indissociable de Jimmy Page (dont le modèle fétiche est celle de 1959, la plus cotée), première compagne d’Éric Clapton chez les Bluesbreakers de John Mayall puis dans Cream ( et un passage sur Gibson SG psychédélique, avant que Jimi Hendrix ne le convertisse définitivement à la Stratocaster en 1969), avait subi quelques innovations au fil des années, comme l’introduction de micros “humbucking” conçus par Seth Lover. Ces micros, “bouffeurs de parasites”, grâce à l’apposition de deux bobines de polarités opposées, éliminaient le bruit de fond caractéristique des gros micros P‑90 d’origine (dits “savonnettes”, ou “soapbar”, ces micros conservent aujourd’hui encore une dynamique, une expressivité et une chaleur qui manquent à bien des guitares modernes). Aux prémices de ce design : la volonté de Monsieur Paul d’une guitare qui ait la classe d’une guitare hollow body (demi-caisse ou acoustique) et la minceur d’une solid body. Gibson fera tout à l’opposé de Fender : mécaniques raffinées en tulipe, accastillage doré favorisé, incrustations de nacre, binding, manche collé (et non vissé comme chez Leo), bois denses (acajou du Honduras).
Au final, la Les Paul de Les (!) était presque plus proche d’une Fender d’un point de vue sonore, étant donné qu’il préférait largement les micros à simple bobinage et qu’il équipait ses guitares d’un pickguard large accompagné d’un vibrato à action manuelle. Plus grand chose à voir avec le modèle standard que l’on connaît !
httpv://www.youtube.com/watch?v=foXSXOAfB4U