Sir Joe Quarterman à Paris
Le vétéran du funk pionnier était de passage en région parisienne (Bobigny le 17/02/2011 puis Ivry le 18/02/2011), fait assez extraordinaire pour être signalé quand on sait que l’homme, Sir Joe Quarterman, s’est retiré de l’industrie musicale après un LP mythique sorti chez GSF Records en 1973 (avant qu’il ne bouge chez Mercury), accompagné de singles EP exceptionnels, tels que le joyau Get Down Baby, épique titre en deux parties s’il en est.
Las, si notre Sir Joe affiche une pêche stupéfiante pour son âge, le groupe qu’il se targue d’avoir trié sur le volet, “The Jezebel Sextet” (censé remplacer les Speedometers qui semblent occupés ou congédiés ?) se montre d’une tiédeur particulière, sinon d’une médiocrité qui infléchit conséquemment la setlist. Il s’agit de six britanniques de Londres, dont seul le trompettiste fait preuve d’un feeling à la hauteur du grand Joe. Le reste du groupe sonne résolument trop pop et manque de cette crasse saccadée qui est la marque d’un backing band de qualité. La frappe du batteur, sauf à de rares moments, est désespérément ordinaire, le guitariste semblerait plus à l’aise dans une formation de blues rock, le bassiste suffit à peine, quant au clavier, on se demande encore ce qu’il a joué ce soir-là.
Mais Sir Joe était chaud comme un lapin, vêtu d’un pantalon blanc et d’une chemise bleue, enchaînant postures évocatrices pendant ces ad lib interactifs avec l’auditoire. Le fait est, second grief, que Sir Joe laisse beaucoup trop de place à son groupe, qui joue seul pendant la moitié de la soirée. Seul le charisme du maître aura permis à ce concert d’Ivry (Le Hangar) de ne pas faire complètement naufrage.
Il aura eu au moins le mérite de remettre en tête à un auditoire a priori sensible à sa musique, les titres les plus ciselés de funk des années 1973 – 1974 (années prolifiques, où commencèrent à sévir sérieusement, dans cette veine mi-vocale/mi-instrumentale, Kool & The Gang, Rufus, The Meters, The Bar-Kays). Des mixages d’une profondeur rare, avec cette chaleur typique de ce funk qui brasse rythmique dosée (alliage subtil d’une batterie minimale mais puissante, laidback, d’une basse lourde à souhait, et de congas, cloches, vibraslap), cuivres suintant, et d’une voix exercée toute une vie au gospel, qui constitue souvent une analogie de l’instrument de Sir Joe : la trompette.
httpv://www.youtube.com/watch?v=O7BGS5NNDLk&feature=related
Un album fondateur et symbolique du funk-soul de la côte Est de la première partie des années 1970, réédité en CD récemment, mais à ces 9 titres s’ajoutent d’exquis singles portant cette version à 17 titres : Thanks Dad, Pts. 1 – 2, This Girl of Mine (She’s Good to Me), No, Get Down Baby, Pts. 1 – 2, I’m a Young Man, How High, Let Me Be What I Am, You Know It’s True.
Références et historique des éditions :
Sir Joe Quarterman & Free Soul (LP) GSF Records GSF-S-1009 US 1973
Sir Joe Quarterman & Free Soul (LP) GSF Records GSI-1009 Italy 1973
Sir Joe Quarterman & Free Soul (LP) GSF Records GS 504 UK 1973
Sir Joe Quarterman & Free Soul (LP, Album) GSF Records, Pathé Marconi EMI 2C 064 – 94.244 France 1973
Sir Joe Quarterman & Free Soul (CD) Charly Records Ltd. CPCD 8079 UK 1995
Sir Joe Quarterman & Free Soul (LP, RE) Charly Records Ltd. CPLP 8079 US 1995
Sir Joe Quarterman & Free Soul (2xVinyl, RE) Soul Brother Records (3) LP SBCS 27 UK 2007
Sir Joe Quarterman & Free Soul (CD, Album, RE) Soul Brother Records (3) CD SBCS 27 UK 2007
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