-
Hot Buttered Soul : chronique d’un miracle
Miracle, car après les malheureuses ventes de Presenting Isaac Hayes (1968), le second effort solo de l’artiste manqua de voir le jour. Il est pourtant la clef de voûte de la mutation de compositeur/arrangeur pour Stax en artiste-interprète maîtrisant, selon son exigence initiale, l’intégralité du processus de production. C’est le chaînon nécessaire à la mutation de Hayes en Moïse Noir. La démarche d’Isaac Hayes pour son Hot Buttered Soul (notez la multiplicité des sens possibles) est passionnante en cela qu’elle balaie les inepties sur la ségrégation des noirs faisant de la musique noire et des blancs qui essaient de les imiter, moins bons, car frappés de pseudo-culpabilité, etc. En effet,…
-
Le massage musical de Leon Ware
Leon Ware n’apparaît pas comme un nom familier pour qui n’est pas aussi monomaniaque que moi. Il n’en reste pas moins un remarquable compositeur, puisqu’il est l’orfèvre d’un de mes titres préférés interprétés par Marvin Gaye, I Want You. Ware, natif de Detroit (“Motor City”) employé par Berry Gordy (aux manettes de Motown), devait rester un faiseurs de chansons mais guère plus, comme en témoigna l’absence de promotion totale pour son premier opus solo, Musical Massage (1976). Avec I Want You, Marvin Gaye trouvait la transition idéale après un Let’s Get it on suave, enregistré entre les deux pôles Motown de l’époque (Detroit et Los Angeles). Si ce dernier…
-
Black Octopus de Paul Jackson
Portrait à la japonaise pour cet opus produit au pays du soleil levant. Assez méconnu, il a été réédité récemment en CD alors que la cote du vinyle s’envole tant il devient rare. Jackson m’apparaît toujours comme l’antithèse d’un Jaco Pastorius, qui pose le cadre de la basse moderne. L’oméga de l’alpha, qui n’en luit pas moins pour autant. Là où le premier se caractérise par sa virtuosité d’exécution musicale (vitesse, technicité harmonique) et un son claquant haut-medium, le second renoue avec la crasse bassistique des graves syncopés pour nous offrir un funk-soul-jazz de luxe, alors que le seul maître à abord s’acquitte volontiers et de façon honorable de la…
-
Hall & Oates : un son de batterie à 300$
“The cheaper, the better” (plus c’est bon marché, mieux c’est) est la devise qui pourrait grossièrement résumer cette anecdote de studio. On remonte à 1975, lorsque Daryl Hall et John Oates, les deux prolifiques compositeurs pop du duo Hall & Oates, enregistrent sur le fameux “Silver Album” le titre Sara Smile. Ce quatrième album, contrairement à ceux qu’ils sèmeront par la suite, notamment au cours des années 1980, reste profondément ancré dans un esprit R&B soft, celui qu’on désigne, même si le terme est assez galvaudé, par Blue-eyed Soul. C’est Barry Rudolph, ingénieur du son sur cette production, qui relate la façon dont la batterie a été enregistré sur ce…