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Average White Band : Scot-Soul
AWB, ce sont d’abord deux gueules. Il y a d’abord cette voix arrière-gutturale qui cherche le timbre d’un sax ou peut-être bien celui d’un chat de gouttière. Oui, c’est le roux Hamish Stuart qui fait l’ascenseur entre ses deux octaves. Un voix souple, ronde, jamais nasillarde, presque féminine. Il y a cette complémentarité presque impossible à déterminer, à contingenter. Oui, Hamish Stuart et Alan Gorrie forment un duo de leaders, alternant les couplets et leurs instruments. Gorrie à la voix plus écorchée, Stuart est plus soul. Roger Ball (saxophone/claviers) les aide à charpenter ces morceaux issus de thèmes brodés pendant des jam sessions. L’exemple de Schoolboy Crush est parfait à…
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Gimme Five
Je remercie Bernard Viguié, bassiste (Les Innocents, Thomas Fersen et tant d’autres) qui a répondu à mes questions avec sympathie. Ce site reflétant mes goût musicaux toujours en évolution mais suffisamment ancrés sur la période 1960/1970, il en résulte que les allusions à la basse reviennent quasiment toujours à la “Fender Bass”. Pourtant, il se produit au début des années 1980 une mutation qu’aucune firme produisant des basses électriques de façon industrielle, il me semble, n’a anticipée. Pas même Fender. Il s’agit de l’extension du registre de la basse électrique vers les “très graves”. Jusqu’ici, on se contentait généralement de descendre sa corde de Mi en Ré, comme par exemple James…
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Un entretien avec James Jamerson (1979)
On a souvent exagéré les propos de James Jamerson (1936 – 1983), tant il existe actuellement peu de sources et par conséquent, une recrudescence d’affabulations, aussi fantaisistes les unes que les autres. Pour les dissiper un peu, je vous propose une traduction de l’interview de 1979 accordée au magazine Guitar Player, qui donne voix au chapitre au maître de la basse soul. Etonnant, pas tant par le peu de révélations qu’il comporte, mais par le témoignage d’un bassiste un peu amer – qui à l’époque n’est plus à la mode – et rend compte d’une vision très stricte et traditionnaliste du rôle de bassiste. Finalement, de quoi participer encore un peu plus…
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Phil Upchurch
Il est impossible de négliger l’apport et le rôle de Phil Upchurch dans la musique afro-américaine, dans la soul, le gospel, le blues, le jazz. À la fois bassiste et guitariste, aussi à l’aise et raffiné sur les deux instruments, il perce en 1961 avec le Phil Upchurch Combo et son You can’t sit down. Petite merveille de facture classique rhythm & blues, le titre consiste en un dialogue instrumental entre la guitare, un orgue hammond déchaîné et une basse, un saxophone. Fait anecdotique ou découverte décisive, c’est l’écoute de la basse de Phil Upchurch sur ce disque qui décide John Baldwin, futur “John Paul Jones”, musicien de studio britannique…
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Joseph “Lucky” Scott
Joseph “Lucky” Scott est un élément fondamental du son de Curtis Mayfield. Mais comme la plupart des sidemen, il n’intéresse que peu le public. Pourtant, une vidéo sur youtube se prêtant au risible jeu des “25 meilleurs bassistes du monde” le liste comme l’un d’eux. Joseph Lucky Scott a fait ses armes lors des dernières années du groupe “The Impressions”, emmené par Curtis Mayfield lui-même. We gotta have peace, joué en live au mythique programme britannique “The Old Grey Whistle” est révélateur : Lucky Scott y assène une ligne de basse virtuose dans la pure tradition R&B, l’agrémentant de ses chœurs. On retrouve Joseph “Lucky” Scott sur les albums les plus…
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Al Green, Hi Records & Hi Rhythm section
La métamorphose que connut Hi Records en passant sous la houlette de Willie Mitchell allait avoir une résonance sans précédent sur l’histoire de la soul music et de façon générale sur l’industrie musicale des années 1970. Alors cantonnée à des productions rockabilly et country blues, Hi Records occasionne une véritable renaissance dans une Memphis qui a déjà connu une entreprise glorieuse, celle de Jim Stewart et Estelle Axton, Stax. C’est encore une fois le précieux Sweet Soul Music de Peter Guralnick, qui nous fournit les détails de ce tournant musical (voir le chapitre “Les beaux jours de Hi”, p. 344 dans l’édition française de 2003 publiée chez Allia). Pour Guralnick,…
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Clavinet, le clavier funky
C’est le clavier le plus “funky” (disons, un des plus adaptés aux rythmes dansants) de la musique électronique moderne. Conçu par la firme germanique Hohner (à ne pas confondre avec Höfner), autrement connue pour ses harmonicas (dont le basique et classique “Marine Band”), il a été inventé par Ernst Zacharias. Il reprend alors le principe du clavicorde (apparenté à la famille des clavecins), selon deux temps : une mise en vibration de la corde, puis l’arrêt de la résonance par un système d’étouffoir de feutre ou de laine. Il en résultait donc un son bref, incisif, nasal et percutant. Le reste, c’est-à-dire essentiellement l’amplification, était assurée par un dispositif de…
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Edgar Willis, Barry Rillera et Ray Charles jouent Fender
C’est une publicité d’époque de Fender, Edgar Willis est l’un des premiers bassistes de rhythm and blues à adopter la basse Fender en complément de sa traditionnelle contrebasse. Contrebassiste natif de Pittsburgh, il intègre l’orchestre de Ray Charles, l’évolution des instruments amplifiés dans la musique afro-américaine le poussant à cette conversion. Le modèle est une Fender Jazz Bass typique de 1966, ce qui nous permet de dater de façon assez certaine cette réclame. Edgar Willis est un grand nom mais il est bien oublié. Il suffit de voir l’article an anglais sur Wikipedia, qui tient en une ligne.
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Raphael Saadiq et l’Univox Eagle Bass
Les articles les plus brefs sont peut-être les plus plaisants. J’ai assez longtemps cherché l’origine de l’étrange basse qui a longtemps accompagné Raphael Saadiq sur scène (jouée également par “Danny McKaye” sur scène – il s’agit de Daniel Aged de Inc.), avant qu’il ne soit “endorsé” par la marque Performance. J’ai toujours pensé, de loin, qu’il s’agissait d’une étrange Fender constituée de pièces éparses sévèrement burinées. Mon hypothèse la plus plausible était qu’elle était constituée d’un corps en acajou d’origine inconnue et d’un manche de Jazz Bass en érable dont on aurait décoré la tête en harmonie avec la finition acajou naturelle. Il n’en est rien : c’est une Eagle Bass…
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Hot Buttered Soul : chronique d’un miracle
Miracle, car après les malheureuses ventes de Presenting Isaac Hayes (1968), le second effort solo de l’artiste manqua de voir le jour. Il est pourtant la clef de voûte de la mutation de compositeur/arrangeur pour Stax en artiste-interprète maîtrisant, selon son exigence initiale, l’intégralité du processus de production. C’est le chaînon nécessaire à la mutation de Hayes en Moïse Noir. La démarche d’Isaac Hayes pour son Hot Buttered Soul (notez la multiplicité des sens possibles) est passionnante en cela qu’elle balaie les inepties sur la ségrégation des noirs faisant de la musique noire et des blancs qui essaient de les imiter, moins bons, car frappés de pseudo-culpabilité, etc. En effet,…