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Entre Carrousel et Lézard Vert : un “rock tropical”
Babani Records, sous la supervision du DJ mauricien Avneesh Bacha a permis de sauvegarder, en les digitalisant, les deux aventures musicales singulières que représentent La vie est un mystère du groupe Carrousel, ainsi que d’un collectif de musiciens issu du précédent, Lézard Vert. Lézard Vert germe dans l’esprit du musicien Jean-Michel “Zoun” Toquet. Ce nom de Lézard Vert fait directement allusion au célèbre “gecko de Manapany” et à sa couleur singulière, que Zoun aimait observer. L’enregistrement sort sur cassette audio en 1983. Il réunit de nombreux musiciens, anciens compagnons de route d’Alain Péters, comme Jean-Philippe Bideau à la flûte, Teddy Baptiste à la guitare, François “Kiki” Mariapin aux tablas mais…
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Chaka Khan : 1981, heure de gloire
De Rufus au succès solo Chaka Khan aura été la meneuse charismatique du groupe de R&B funky Rufus, dopé par leur succès (une composition offerte par le génie Stevie Wonder) Tell Me Something Good. La divine Yvette Stevens (à l’état civil), n’est pas tout à fait séparée de Rufus mais elle opère déjà en solo. Et pour ce faire, en 1981, elle s’entoure pour ce troisième opus de la crème des musiciens dont la spécialité est un R&B qui conjugue sophistication et format radio, autrement dit une qualité mainstream. Un casting parfait On y retrouve l’écossais funky Hamish Stuart, co-leader avec Alan Gorrie du fameux Average White Band, mais aussi…
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George Duke : le bâton du duc
Il est l’homme au sourire éternel. Le keytariste émérite. Le pianiste de jazz coupable de délit de funk music. La scène jazz lui reproche de s’abaisser à une musique trop lisse, sinon insipide et commerciale. Lui s’en fout, il est heureux, il brille. Le Japon l’acclame. En 1983, star incontestée au Pays du soleil levant, il emmène un casting de pointures (Paul Jackson à la guitare, Louis Johnson à la basse, Steve Ferrone à la batterie) pour des concerts magistraux. Il est bien plus que le musicien. Il est LE maître de cérémonie. Le Duc. Celui d’après Ellington : le Duc électronique au sceptre, son Dukey Stick (une des titres les…
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Patrice Rushen : don’t forget her not(e)s
C’est à seulement 19 ans que Patrice Louise Rushen publie son premier album de jazz groovy, intitulé Prelusion, en 1974 chez Prestige Records. Des débuts jazz précoces Un album entièrement instrumental, qui reprend la figure de l’odyssée groovy, comme ont pu le faire quelques années auparavant l’organiste Jimmy Smith (pensons au mémorable Roots Down) ou Grant Green sur son groovy Live at the Lighthouse, voire même le Kool Jazz de Kool and The Gang. Pour ce qui est des musiciens présents sur l’album, tenez-vous bien, le casting est de qualité : Patrice Rushen – voix, piano, piano électrique Rhodes, synthétiseur ARP, clavinet Tony Dumas – basse électrique, contrebasse Leon “Ndugu” Chancler –…
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Je l’appelais Morgan
Tel est le titre du film documentaire de Kasper Collin consacré à l’incroyable musicien qu’était Lee Morgan : I Called Him Morgan. Morgan, génie des pistons, alchimiste du hard bop jusqu’en 1972, où il trouve la mort sous les balles de son épouse Helen, folle de jalousie. Lee Morgan avait alors l’âge christique : 33 ans. La trame narrative de ce film documentaire est guidée par les entrevues enregistrées par Larry Reni Thomas, enregistrées en 1995 et 1996. Thomas, alors enseignant en arts, s’est trouvé ébahi d’avoir parmi ses élèves une femme âgée du nom de Morgan et de découvrir qu’elle était la femme du musicien. Veuve et assassin à la fois, puisqu’elle…
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Bembeya Jazz National, un demi-siècle de jazz guinéen
C’est l’orchestre le plus populaire de la République démocratique de Guinée fondée sous la présidence d’Ahmed Sekou Touré 2 octobre 1958. Pour mémoire, le pays avait radicalement rompu les relations diplomatiques avec la France coloniale qui s’étiolait sous De Gaulle. Dans ce contexte de “renaissance” et dans un élan d’optimiste, le Bembeya Jazz National voit le jour, constitué de virtuoses, sous la forme d’un big band à la rythmique électrique : tous ses musiciens étaient donc des fonctionnaires (croyez que ceux-là n’avaient rien d’oisifs). Une institution qui dépassera l’Afrique post-coloniale en exportant ses productions dans les territoires francophones. C’est sous la houlette de Sekou Diabaté, alias “Diamond Fingers” que cette formation…
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Joseph “Lucky” Scott
Joseph “Lucky” Scott est un élément fondamental du son de Curtis Mayfield. Mais comme la plupart des sidemen, il n’intéresse que peu le public. Pourtant, une vidéo sur youtube se prêtant au risible jeu des “25 meilleurs bassistes du monde” le liste comme l’un d’eux. Joseph Lucky Scott a fait ses armes lors des dernières années du groupe “The Impressions”, emmené par Curtis Mayfield lui-même. We gotta have peace, joué en live au mythique programme britannique “The Old Grey Whistle” est révélateur : Lucky Scott y assène une ligne de basse virtuose dans la pure tradition R&B, l’agrémentant de ses chœurs. On retrouve Joseph “Lucky” Scott sur les albums les plus…
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Edgar Willis, Barry Rillera et Ray Charles jouent Fender
C’est une publicité d’époque de Fender, Edgar Willis est l’un des premiers bassistes de rhythm and blues à adopter la basse Fender en complément de sa traditionnelle contrebasse. Contrebassiste natif de Pittsburgh, il intègre l’orchestre de Ray Charles, l’évolution des instruments amplifiés dans la musique afro-américaine le poussant à cette conversion. Le modèle est une Fender Jazz Bass typique de 1966, ce qui nous permet de dater de façon assez certaine cette réclame. Edgar Willis est un grand nom mais il est bien oublié. Il suffit de voir l’article an anglais sur Wikipedia, qui tient en une ligne.
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Le massage musical de Leon Ware
Leon Ware n’apparaît pas comme un nom familier pour qui n’est pas aussi monomaniaque que moi. Il n’en reste pas moins un remarquable compositeur, puisqu’il est l’orfèvre d’un de mes titres préférés interprétés par Marvin Gaye, I Want You. Ware, natif de Detroit (“Motor City”) employé par Berry Gordy (aux manettes de Motown), devait rester un faiseurs de chansons mais guère plus, comme en témoigna l’absence de promotion totale pour son premier opus solo, Musical Massage (1976). Avec I Want You, Marvin Gaye trouvait la transition idéale après un Let’s Get it on suave, enregistré entre les deux pôles Motown de l’époque (Detroit et Los Angeles). Si ce dernier…
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Le pouce de Fred Thomas
“Le faire jusqu’au trépas”, telle est la devise du big band soul produit et emmené par James Brown, The JB’S (Doing it to death), paru sur le label People en 1973. Les frères Phelps et Bootsy Collins ont déjà quitté le groupe en proie aux crises mégalomaniaques et au caractère dirigiste de Brown. Une note mal placée ou fausse et les musiciens hypersynchrones se voient congédiés. On retrouve les légendaires cuivres : Maceo Parker au saxophone ténor (qui organise la cordiale dissidence qui a produit parallèlement son exquis Maceo & All The King’s Men en 1970) et Fred Wesley au trombone diabolique. Que de pépites dans ce style soul-funk “primitif”, marqué…